BALADE ALSACIENNE

Il y avait aujourd'hui de quoi t'envier d'être au chaud dans ta bulle. Le mercure en effet est demeuré avec entêtement dans la partie négative du thermomètre. Nous avons tenté d'accumuler quelques réserves de chaleur en prenant un bain en famille dans la fabuleuse baignoire de Vò. Suite à quoi, Fiston et moi avons fait quelques parties de dames ; il y avait si longtemps que je n'y avais pas joué que, lorsque nous nous sommes lancés dans la première partie, je ne me rappelais même pas le placement des pions sur le damier. Une case sur deux ou toutes les cases ? Fiston qui manie plutôt bien le déplacement des pièces d'un échiquier voulait mordicus bouger ses pions de dames à la manière des pions d'échecs...

L'après-midi, nous avons un peu hésité quant au programme à suivre. Le Musée de l'Électricité nous tentait bien mais, peu prévoyants, nous n'avions pas de plan de la ville et de ses environs. Nous nous sommes aperçus par la suite que nous n'en étions en fait pas loin.

N'ayant pas envie de faire de voiture, nous avons échoué finalement dans la vieille ville, Place de la Réunion, qui offrait un spectacle féerique. Au pied de l'église, se tenait le Marché de Noël, des alignements de cahutes en bois semblables à des mini-chalets, certaines étant dédiées à la vente de produits de l'artisanat local, d'autres encore au débit de vin chaud. Et des manèges aussi... Fiston eut droit à quelques tours sur de vieux chevaux de bois. Une foule bigarrée déambulait dans les ruelles malgré le froid vif, affairée aux derniers achats précédant Noël. Des fragrances de cannelle, servant à parfumer le vin chaud, nous accompagnaient dans notre promenade hivernale et l'on pouvait voir des employés de bureau, fraîchement débauchés, de tous âges et de tous sexes, seuls ou en groupes, venir se réchauffer en consommant un verre de vin chaud.

Ni Maya ni moi n'apprécions ce breuvage aux vertus pourtant réchauffantes. Nous avons plutôt opté pour la bière alsacienne ce qui, aspect non négligeable, nous a permis de trouver un peu de chaleur à l'abri d'un centre commercial. Il commençait à se faire tard pour pousser jusqu'à la Tour de l'Europe, pourtant à deux pas, d'où nous aurions pu admirer les Vosges d'un côté et la Forêt Noire de l'autre. Non, nous ne voulions pas rater la mise en lumière de ce charmant quartier et le spectacle fut à la hauteur de nos espérances, tout particulièrement les éclairages multicolores sur la façade de l'église qui avaient quelque chose de magique.

En début de soirée, nous avons rejoint Vò à son bureau. Tandis qu'elle achevait son travail, nous en avons profité Fiston et moi pour faire quelques parties endiablées de billard sur ordinateur. Puis, nous avons décidé de nous offrir un petit gueuleton à une bonne table de Mulhouse et nous avons opté pour le restaurant À l'Étoile ("Starnstewala" en v.o.) où, comme un vrai touriste, j'ai pour la première fois succombé aux délices d'une authentique choucroute alsacienne. Fiston, lui, s'est endormi sur la banquette du restaurant alors que nous écoutions, subjugués, les récits de Vò sur les différents pays dans lesquels elle a séjourné quelques jours ou quelques années. Elle est encore jeune mais possède une expérience peu commune de la planète. Elle a travaillé plusieurs années en Allemagne comme responsable d'une agence de voyages, ce qu'il lui a procuré quelques facilités pour narguer les méridiens. Quelque part au fond de moi, je l'envie sans doute un peu. En tout cas, je vous souhaite, à Fiston et à toi, d'avoir des expériences aussi riches.

Fiston qui dort paisiblement sur sa banquette de restaurant. Sans doute en prévision du reste de voyage qu'il nous reste à accomplir demain...